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fait entendre. Il le fit donc venir prés de ces mesmes jardins de Montbrison, où il avoit esté l’autre fois, et ayant, ce luy sembloit, donné encor meilleur ordre à ses artifices qu’auparavant, il y avoit desja deux ou trois jours qu’il commençoit de se laisser veoir, esperant que Galathée ne manqueroit pas de l’aller treuver comme elle avoit faict autresfois. Et afin que le temps de l’esloignement de Clidaman et de Lindamor, ne se perdit pas inutilement, il tenoit quantité de solduriers dans les estats des Vissigots, et des Bourguignons, qui, sans se dire tels, demeuroient dans les villes voisines, et n’attendoient que son commandement. Il avoit aussi acquis l’amitié des princes voisins, par presens faicts à leurs principaux officiers, et dans le pays des Segusiens faisoit paroistre une si grande liberalité, et au peuple, et aux solduriers, tant de courtoisie, et de douceur aux chevaliers, et tant d’honneur et de respect aux Druides, Eubages, Saronides, Vacies et autres sacrificateurs, qu’il y en avoit fort peu qui ne desirassent le mariage de Galathée et de luy, si ce n’estoient ceux qui, plus advisez, s’estoient pris garde qu’il forçoit en cela son naturel, et qu’il n’en usoit de ceste sorte, que pour parvenir à cette souveraine puissance, laquelle, ayant obtenue, il ne maintiendroit pas avec les mesmes moyens qu’il l’auroit acquise, mais avec