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de ne permettre plus que Galathée marchast ainsi seule, et sans les gardes ordinaires qui estoient convenables à sa grandeur. Il fit le mesme commandement à celuy-cy, de prendre garde à tout ce que diroit et feroit Amasis.

Depuis que Clidaman, Guyemant, et Lindamor, avec la plus grande partie des chevaliers de la contrée, estoient partis pour aller en l’armée des Francs, Polemas qui estoit demeuré comme lieutenant d’Amasis, et en la place que Clidaman souloit avoir, d’un dessein ambitieux, avoit haussé ses esperances à se rendre seigneur de cette province. Et toutesfois considerant combien il est mal-aysé que les loix fondamentales d’un Estat soient renversées, sans une grande violence, et combien la domination qui est telle est peu asseurée, il fit resolution d’espouser Galathée, et de ne rien laisser d’intenté pour y parvenir. Et parce qu’il voyoit deux voyes pour achever son entreprise, l’une de la douceur, et l’autre de la force, il pensa qu’il falloit essayer celle qui venoit de la bonne volonté, et en cas qu’elle vint à manquer, recourre apres aux extremes remedes.

Pour suivre ce premier dessein, il voulut que ce feint druide qui se nommoit Climante, et qui avoit autrefois donné la bonne fortune à Galathée, revint encores une fois pour refaire de nouveau ce premier artifice, ayant opinion que ou la nymphe l’avoit oublié, ou que le feint druide ne s’estoit pas bien