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dans la ville de Marcilly, pour luy donner une honorable sepulture. Et en mesme temps Galathée advertit Amasis par Lerindas, de tout ce qui luy estoit arrivé, la suppliant de trouver bon qu’elle mist Damon en lieu de seureté, et qu’incontinent apres, elle l’iroit trouver, pour recevoir ses commandemens.

Il fut impossible à Madonte de n’accompagner de larmes le corps du pauvre Tersandre, et de ne regretter sa perte, qu’elle eut bien mieux ressentie, sans la rencontre de Damon, et toutes-fois l’affection, la fidelité, et la discretion qu’il luy avoit fait paroistre tant d’années, ne luy pouvoient revenir devant les yeux de l’esprit qu’elles ne contraignissent ceux du corps à donner quelques larmes, pour payer en quelque sorte tant de services et tant de peines. Cependant l’on emportoit Damon, qui tournant les yeux de tous costez, pour voir que faisoit Madonte, et appercevant le corps de Tersandre, ne peut le laisser partir sans l’accompagner d’un souspir, ne sçachant encore s’il le devoit desirer en vie ; et toutesfois, considerant qu’il estoit mort pour le sauver, sa generosité le contraignit de dire : Or à Dieu amy, et repose content, couronné de cette gloire, d’avoir eu Damon pour ennemy, et l’avoir obligé à regretter ta perte, et à te nommer son amy. A ce mot, il tendit la main à Madonte, qui s’estoit approchée du branquart, et qui ne l’