Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1095

Cette page n’a pas encore été corrigée

à dire : J’entends bien, luy dit Adamas, pour le mettre hors de peine, que vous estes amoureux de Diane, mais ayme-t’elle aussi Paris, ou n’est-ce point Silvandre qui tient la place que vous voudriez avoir ? Ces paroles luy donnerent la hardiesse de respondre : Que veritablement il craignoit d’avoir manqué envers le druide, s’estant laissé aller à l’affection de cette bergere, sans luy en avoir demandé congé, mais qu’au commencement il ne pensoit pas de s’affectionner de la sorte, qu’il s’estoit trouvé pris, et que depuis, ayant veu qu’il auroit agreable qu’il s’habillast en berger, et qu’il vist ordinairement cette bergere, il avoit creu que de mesme il appreuveroit cette affection, qui en fin estoit parvenue à une telle grandeur qu’il luy estoit impossible de vivre, s’il n’en avoit le contentement que desirent ceux qui aiment passionnément ; que cela avoit esté cause que, se souvenant que ces bergeres et bergers estoient des plus anciennes et honorables maisons de la contrée, il avoit eu opinion qu’il ne feroit d’outrage à sa maison, quand il espouseroit Diane, et qu’en fin l’amour l’avoit forcé de le luy dire. – Et que vous a-t’elle respondu, dit incontinent Adamas ? – Que Bellinde, dit-il, estoit sa mere, et que c’estoit la seule qui pouvoit disposer d’elle.

Alors le druide luy dit : Il y a long-temps que j’ay recogneu que vous aimiez cette bergere, et si j’en eusse desapreuvé l’alliance, je vous eusse defendu de la voir. Vous avez fort bien jugé