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celles du venerable Phocion, qui luy monstra le danger qu’il y avoit pour Alexis de se mettre aux champs avec cette douleur de teste, qu’il se sentiroit grandement obligé de luy pouvoir rendre ce petit service, et bref y adjousta tant de considerations qu’Adamas fut aisément persuadé de leur laisser cette feinte druide, monstrant toutesfois d’en avoir bien du regret, tant pour la doute de son mal, que pour la crainte de leur donner de l’incommodité. Mais Phocion ayant respondu à toutes ces choses avec des paroles pleines de civilité et d’affection, Adamas luy dit qu’il la luy laissoit, et Leonide aussi, afin qu’il en disposast à sa volonté, leur commandant à toutes deux de s’en venir aussi-tost que la druide seroit guerie. Et puis, s’approchant du lict, et prenant Leonide par la main, leur dit fort bas qu’aussi tost que Galathée seroit passé, il les envoyeroit querir par Paris, ou luy-mesme y viendroit. Et ayant sceu que la viande estoit sur la table, il laissa la feinte malade, et incontinent aprés le disner, remerciant Phocion et Astrée, il s’en alla avec Daphnide, Alcidon, et le reste de leur trouppe, non pas sans que Daphnide ne fist à son depart de grandes asseurances de sa bonne volonté à toutes ces belles bergeres, et Alcidon aussi, jurant n’avoir jamais tant envié les plus heureux qu’ils eussent veus aupres du grand Eurich, que ces bien-heureux bergers et bergeres du Lignon, et