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mal, feignant d’en estre en grande peine pour la haste qu’il avoit de partir. Et parce que l’un et l’autre l’y voulut accompagner, soudain Astrée et Leonide s’avancerent pour l’en advertir, et la trouvant au lict, fermerent les fenestres, et rendirent de sorte la chambre obscure qu’il estoit impossible de remarquer son visage. Et elle, feignant d’avoir un grand mal de teste, lors qu’Adamas luy dit qu’il estoit contraint de partir, parce que Galathée le luy ordonnoit ainsi, elle feignit de se vouloir efforcer, et que son mal n’estoit pas si grand qu’elle ne le peust bien suivre.

Mais Astrée alors s’avançant, supplia Adamas de ne vouloir point permettre à sa fille de marcher au grand chaud, qu’ayant cette migraine, le soleil infailliblement la luy redoubleroit, et qu’au contraire un peu de repos luy redonneroit la premiere santé. Que tous ceux de leur hameau auroient un grand regret s’ils sçavoient qu’elle fust partie en cest estat, mais qu’elle particulierement, et Phocion penseroient avoir receu un grand outrage s’ils la voyoient sortir de leur maison avec du mal, qu’à la verité elle ne seroit pas si bien que chez son pere, que toutesfois l’on ne manqueroit ny d’affection ny de soin à la servir avec toutes sortes de remedes, et qu’afin qu’il y eust quelque tesmoin de ce qu’elle promettoit, elle le supplioit de vouloir aussi laisser la nymphe Leonide pour luy tenir compagnie.

A cette supplication se joignirent aussi