ou plusieurs autres, aussi bien qu’elle, sans qu’elle s’en puisse offencer ? – Et comment, berger, dict la nouvelle bergere, vous pensez donc m’aymer en compagnie d’une autre ? – Et que vous importe cela, respondit Hylas, si je ne laisse pas de vous aimer autant que vous voudrez ? – Mais, adjousta-t’elle, vous en aymerez une autre avec moy ? – Et si apres disner, dit Hylas, il y a de la viande de reste, voulez-vous que nous la jettions au chien ? Et de mesme, si apres vous avoir aymée autant que vous le voulez estre, j’ay encore de l’amitié de reste, pourquoy ne voulez-vous pas que je l’employe à aymer celles qui en ont besoing ? – Ha ! berger, dit l’estrangere, je ne veux avoir rien à partir avec une autre. Je desire que celuy qui m’aymera n’ayme que moy seule, et par ainsi vous estes en danger de n’avoir point de maistresse faite comme moy. – Ny vous, dit Hylas, point de serviteur fait comme moy. Et puis que vous estes de ceste humeur, je vous conseille de chercher Silvandre, car il est tel qu’il le vous faut. – A propos, dit Phillis, de Silvandre, nous ne le voyons point ; qu’est-ce qu’il est devenu ce matin ? C’est bien vostre fortune, Hylas, qu’il ne se soit point rencontré icy, car il vous empescheroit bien de parler d’abord d’amour à ceste belle estrangere !
Hylas vouloit respondre, mais Laonice prenant la parole : Non, non, Hylas, ne laissez pas, dit-elle, de parler et de dire tout ce que vous voudrez, je m’asseure que d’aujourd’