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que voicy Astrée, et qu’elle n’a esté d’aujourd’huy qu’avec nous. – Je voy bien, dit Hylas, que voilà Astrée, et je scay bien qu’il est impossible que celle que j’ay veue ait peu estre si tost avec vous, ayant pris un chemin tout different, mais si sçay-je bien aussi que je l’ay veue, ceste Astrée que je dis, et que mes yeux ne me trompent pas. Leonide rioit et toutes ces bergeres de le veoir en ceste peine. Et parce qu’Astrée desiroit de trouver ceste Astrée de laquelle il parloit : Or, Hylas, nous penserons, luy dit-elle, que vous soyez hors de vous-mesme, si vous ne nous la faictes veoir, ceste autre Astrée, et pource monstrez-nous où elle est allée. – Je vous permets, dit Hylas, de penser de moy tout ce que vous voudrez en cela, car je vous asseure que vous n’en scauriez dire tant, que je n’en pense moy-mesme encore d’avantage, me voyant en ceste réverie, et afin que je m’en esclaircisse, allons je vous supplie la chercher.

A ce mot, se mettant le premier, il entra dans le bois de haute fustaye, et ayant quelque temps tourné d’un costé et d’autre inutilement, lors que chacun s’ennuyoit de ceste queste, hormis la vraye Astrée, il rejetta de fortune les yeux si avant à travers les espaisseurs des arbres, qu’il luy sembla de veoir ceste bergere assise sur la rive d’un des bras de Lignon, et appuyée contre un gros arbre. Hylas alors s’y en allant au grand pas, quand il fut si prés qu’il la peut recognoistre, il fit signe à toute la troupe de