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Il se plaint de sa cruauté.

L’arrogante quelle est ! elle scait que je l’ayme,
Que pour elle je meurs plein d’amour et de foy,
Qu’elle ne peut vouloir plus qu’elle peut sur moy,
Et que je l’ayme mieux qu’elle n’ayme soy-mesme.

Elle recognoist bien que mon amour extreme
Ne sçauroit s’augmenter, tant elle est grande en soy,
Que de tous les devoirs je mesprise la loy,
Et que de le nier ce seroit un blaspheme.

Elle le void, l’ingrate ! et ne me rend, ô dieux !
Pour tant d’affection, qu’un mespris odieux,
Comme si mon amour sa hayne faisoit naistre.

Oublions-la, mon cœur, et tous nos feux passez !
Quand nous n’aymerons plus, elle aymera peut-estre :
Mais qui pourroit hayr ce que nul n’ayme assez ?

Alexis, comme celle qui n’estoit guere accoustumée à la voix de Calidon, encore qu’elle eust ouy