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à quelque temps pour scavoir ce qu’elle faict. Et à ce mot, la prenant par la main, elle la conduisit dehors.

Mais cependant la nouvelle bergere estant sortie, s’en alloit à grans pas au petit bois de coudres où elle pensoit estre retirée, et pouvoir mieux jouyr de ses pensées pour se representer les beautez qu’elle venoit de voir, et les contentemens receus par les faveurs que l’on luy avoit données, ou plustost que soubs un nom emprunté elle avoit desrobées. Mais d’autant qu’il estoit desja tard, et que la plus grande partie des bergers avoient desja r’amené leur troupeau à l’ombre, elle en rencontra plusieurs qui chantoient, et qui, couchez sous des arbres fueillus, attendoient au fraiz la venue de leurs bergeres, et entr’autres Calidon qui, ce matin, s’estant levé de bonne heure, avoit passé la riviere de Lignon pour essayer de voir Astrée, et de tenter encores quelle seroit sa fortune, avant que d’en faire parler d’avantage à Phocion. Et parce qu’il avoit rencontré Hylas en chemin, ils vindrent de compagnie en ce lieu, où tous deux ensemble s’estoient mis à chanter.

Enfin Calidon tout seul, apres avoir joué quelque temps sur la cornemuse, dit ces vers, se souvenant de la cruelle response d’Astrée.


Sonnet