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à condition toutesfois qu’Astrée promette d’en prendre demain les habits, afin que nous voyons si elle sera aussi belle druide que ma sœur est belle bergere. – Je feray, dit Astrée, tout ce que vous m’ordonnez, mais il me semble que sa robbe me sera trop grande. – Nous y ferons, dit Alexis, le rebours de ce qu’il faudra que je fasse à la vostre, si je la dois porter aujourd’huy, car, dit-elle se levant, vous voyez bien qu’elle m’est trop courte, mais je detrousseray ces bouillons et ces plis, et elle sera à ma mesure, aussi il faudra faire un troussis à la mienne, et la mettre à vostre hauteur. – Or, dit Astrée, puis, madame, qu’il le vous plaist ainsi, je seray demain druide, mais à condition que personne n’en die rien, et je m’asseure que si aujourd’huy Hylas voit ceste nouvelle bergere, il commencera de mettre en œuvre les conditions qu’il a faictes avec Stelle, et qu’il adjoustera cette belle estrangere au grand nombre qu’il en a desja aymé. – Si cela est, reprit Alexis, demain, quand vous aurez mes habits, il usera du mesme privilege, car je m’asseure qu’il ne vous verra point sans vous aymer.

Et parce qu’il commençoit de se faire tard et que ces belles filles se voulurent lever, Astrée qui estoit contrainte d’aller prendre un autre habit dans un coffre qui estoit au bout de la chambre : Mais, mon Dieu ! que direz-vous de moy, madame, dit-elle, qui suis contrainte de me lever en chemise devant