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d’autres habits la belle Alexis ?

A ces mots, Leonide et Diane la regardant de prés, elles recogneurent que veritablement c’estoit la druide. Et Astrée alors luy tendant les bras avec toute sorte de respect, et se relevant un peu sur le lict, l’embrassa et la baisa, pleine de contentement de la voir dans ses propres habits. – Permettez-moy, nouvelle bergere, que je vous baise, dit-elle, et que je vous asseure que jamais le Forests ne vit une bergere plus belle, que Lignon verra aujourd’huy sur ses bords. Et lors la regardant avec toute sorte d’admiration, elles estoient toutes trois ravies de la voir si belle en cet habit inaccoustumé, qui toutesfois luy alloit si bien que Leonide mesme ne sçavoit qu’en dire. Alexis n’avoit encore rien dit, mais quand elle vid qu’elle estoit recogneue : Que vous en semble, ma sœur, dit-elle à la nymphe, ces habits n’auront-ils pas bien occasion de se plaindre de ce changement trop desavantageux ? – Il me semble, respondit la nymphe, que vous estes plus belle en bergere qu’en druide, et que si Hylas vous avoit veue, il feroit incontinent un nouvel amas d’amour pour le despendre en vostre service. – Et moy, adjousta Astrée, je croy que ces habits dont vous parlez, sont bien-heureux de n’avoir point de cognoissance du bien qu’ils possedent, estans autour du corps de la plus belle et de la plus aimable fille qui fut jamais, car s’ils en avoient