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du Ciel, que de les recevoir. C’est pourquoy, gentil Paris, vous ne devez pas souffrir qu’ils se separent de ceste compagnie, qu’Adamas ne les ait receus en sa maison.

Paris et les bergeres s’addressant à Daphnide, s’excuserent de ne luy avoir rendu l’honneur qu’ils luy devoient, et la supplierent de sorte de vouloir faire ceste faveur au grand druide, qu’en fin elle y consentit, tant pour satisfaire à la priere que Paris, et ces belles bergeres luy faisoient, que pour le desir qu’elle avoit de parler au sage Adamas, sur les affaires qui la conduisoient en ce lieu, ayant desja fort ouy parler de sa prud’hommie.

Le contentement d’Hylas ne fut pas petit quand il vit ceste resolution. Et parce que Daphnide ayoit fort bonne cognoissance de son humeur, et qu’elle l’avoit cogneu en l’isle de Camargues et en Arles, elle luy fit par les chemins plusieurs demandes, ausquelles les bergeres respondoient quelquefois pour luy, et quelquefois Silvandre. Et quoy qu’il voulust se contraindre un peu devant Daphnide, Stiliane, et Carlis, si est-ce qu’il ne pouvoit s’empescher d’eschapper bien souvent en ses responses, et mesme quand Silvandre prenoit la parole ; de quoy ces estrangeres rioient, de sorte qu’enfin s’addressant à Daphnide : Je croy, luy dit-il, madame, que prenant l’habit de ces bergeres, vous en avez aussi pris l’humeur, puis que les discours