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infiniment de conduire avec luy Daphnide et Alcidon. Et apres, hastant ses chevaux, elle arriva au temple de la Bonne Déesse où la venerable Chrisante la receut avec toute sorte d’honneur et de civilité. Et parce que la nymphe luy fit entendre la haste qu’elle avoit de s’en retourner à Marcilly, elle commanda qu’incontinent l’on mist la main au sacrifice, afin de ne perdre point de temps, et que le disner fust prest, pour ne la point faire attendre, quand elle auroit satisfait à son vœu, luy reconfirmant que les sacrifices des particuliers estoient trouvez bons et entiers, mais que les victimes qui estoient immolées pour le public et pour l’heureux voyage de Clidaman, se trouvoient de telle sorte defaillantes qu’il n’en pouvoit prevoir que quelque grand desastre.

Mais cependant Silvandre, qui avoit obtenu la permission qu’il desiroit, s’estoit tellement occupé en cela, qu’il avoit oublié de dire à Madonte et à Tersandre, qu’il y avoit un chevalier qui le cherchoit, avec beaucoup de menaces de l’outrager, et n’eust esté que par fortune le matin il les rencontra qui s’alloient promenant pour prendre de l’air, à cause que Madonte s’estoit trouvée mal deux ou trois jours durant, il est certain qu’il eust encore long-temps demeuré sans les advertir, estant de telle sorte tout employé en ceste ardente passion qu’il n’y avoit