Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1030

Cette page n’a pas encore été corrigée

à vous. – Mon grand amy, luy dit Galathée, vostre discours me met bien en peine, et je voudrois ou n’en sçavoir pas tant, ou en apprendre promptement le reste. Il faut, avant que je vous renvoye, que je parle un peu à la sage Cleontine, qui m’a rendu l’oracle ce matin, et à Damon qui est une telle personne, qui nous peut beaucoup servir aux accidens qui nous peuvent arriver.

Et les faisant appeller tous deux, elle leur fit entendre ce qu’Amasis luy avoit mandé, et parce qu’elle ne sçavoit si elle devoit incontinent s’en retourner, ou bien aller rendre son vœu à Bon-lieu, ainsi que l’oracle le luy avoit dit, elle demanda à la vieille Cleontine ce qui luy en sembloit. Elle luy respondit : Il me semble, madame, qu’en toutes nos affaires nous devons tousjours recourre à Tautates, et vous, d’autant plus, que vous y estes obligée par le vœu que vous en avez fait, et par le commandement que l’oracle vient de vous en faire. Les rapports des vacies nous ont, il y a quelque temps, rapporté que les sacrifices nous menaçoient de quelque grand malheur. Il me semble que pour le divertir, le meilleur remede c’est de recourre à celuy qui nous donne ces presages, qui est le grand Tautates, et le supplier de vouloir en changer les chastimens. C’est pourquoy je concluds que vous devez aller vers la Bonne Déesse faire vostre sacrifice, et le jour mesme vous pourrez estre à Marcilly. Damon fut de ce mesme avis, puis qu’il n’y avoit qu’un