Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1025

Cette page n’a pas encore été corrigée

des plus anciens vacies qui s’y treuva present, et qui avoit accoutusmé de donner l’esclaircissement de semblables responces, s’approchant de la nymphe, luy tint un tel langage :

Les oracles, qui sont la parole du grand Dieu, sont rendus ordinairement fort obscurs par luy, tant pour retenir la curiosité des hommes, que d’autant que les choses futures doivent estre cachées aux humains, pour les exempter de l’apprehension qui est quelquesfois une des plus grandes parties du mal, puis que si nous sçavions l’heure de nostre mort, nous ne gousterions plus les douceurs de la vie, mais ne vivrions desja plus que comme estans à la porte du tombeau. Nostre grand Tautates qui nous ayme comme ses enfans, et qui veut avoir occasion de nous faire tousjours plus de graces, nous advertit des choses futures, mais obscurément, et ne nous en laissant entendre qu’autant qu’il faut que nous en sçachions, pour observer les choses qui le peuvent convier à nous faire du bien. Et pour vous monstrer que je dis vray, vous voyez, grande nymphe, qu’il vous advertit de rendre les vœux que vous avez faits, parce qu’il n’y a rien qui tienne plus la main de Tautates, de faire de nouvelles gratifications à ceux qui l’en prient, que de faire des vœux legerement et les oublier nonchalamment. Apres, il vous predit que vous sortirez bien tost de l’erreur où vous estes, et cela avec des paroles si claires, qu’il ne les faut point esclaircir d’avantage. Et