Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1024

Cette page n’a pas encore été corrigée

lors, prenant l’un des coins de l’autel d’une main, et de l’autre tenant tousjours le rameau du guy, les cheveux mal en ordre, et comme herissés, et les yeux égarez remuans incessamment dans la teste, et le visage de cent couleurs, elle se leva sur le haut des pieds, paroissant beaucoup plus grande qu’elle ne souloit estre, et toute tremblante, et l’estomach pantelant, elle profera d’une voix toute autre qu’elle ne souloit avoir, telles paroles :


ORACLE

Va, Nymphe ! et rends tes vœux, mais retiens ce presage :
Bien tost, n’en doute point, tu sortiras d’erreur,
Mais garde que l’amour se changeant en fureur
Beaucoup plus ne t’outrage.
Et toy, parfaict aymant,
Lors que tu parviendras où parle un diamant,
Tu seras rappellé de la mort à la vie
Par celuy des humains,
A qui plus tu voudrois l’avoir desja ravie ;
Laisse donc contre luy desormais tes desdains.

La nymphe et le chevalier ayant receu cest oracle, demeurerent quelque temps à le considerer, mais leur estant impossible de l’entendre entierement, l’un