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autant, et je m’asseure que, s’il a l’honneur de nous voir, que vous, madame, ou quelqu’une de ces belles nymphes n’échapperez pas sans estre servies de luy, et qu’il ne demeurera pas d’avantage de le dire que de le penser.

– Mais, reprit Galathée, et qu’est-ce que ce jugement de Diane ? – Madame, respondit la bergere, il advint, il y a quelque temps, que Phillis et Silvandre entrerent en dispute, seulement pour plaisir, se reprochans l’un à l’autre qu’ils n’avoient pas assez de merite pour se faire aymer, car Silvandre, encore qu’il soit tenu pour l’un des plus accomplis bergers de toute la contrée, si est-ce que l’on ne le voyoit point aimer, ny estre aymé particulierement. Et parce que Phillis luy reprochoit que c’estoit par faute de courage et de merites, et que Silvandre en disoit de mesme d’elle, ils furent tous deux condamnez à rechercher Diane, et que, trois lunes escoulées, elle jugeroit lequel des deux auroit gaigné. – Sans doute, dit Damon, Diane aura jugé à l’avantage de la fille ? – Son jugement, respondit Celidée, a esté assez douteux. Elle a dit que Phillis estoit plus aimable que Silvandre, et que Silvandre se scavoit mieux faire aymer que Phillis. – Vrayement, reprit Damon, Diane doit estre une discrette et sage bergere, car elle les a voulu contenter tous deux, et elle l’a faict avec beaucoup de discretion. Mais, madame, continua-t’il, se tournant vers Galathée, vous ne luy demandez point qui est ceste