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quand vous les verrez, vous me tiendrez pour personne de jugement, et que Silvie, quelque desdain qui soit en elle, ne les mesprisera pas tant qu’elle ne voulut bien ceste beauté que je dis estre en elles.

Galathée, se tournant alors vers Cleontine : Qu’est-ce, ma mere, luy dict-elle, que Celidée juge de ces bergeres ? – Madame, dict Cleontine, quand elle se met à les louer, elle ne peut cesser, et semble qu’elle soit encore plus amoureuse d’elles que n’est pas Lerindas. Il est vray que je ne luy ay point encore ouy parler de ceste bergere qu’il nomme Daphnide, et s’il vous plaist que je la fasse appeller, vous ouyrez de quelle sorte elle en parle. Et parce que Galathée estoit bien aise de sçavoir des particularitez de ces belles filles, et qu’elle fit signe qu’on la fist venir : Il est bien mal-aisé, dict Lerindas en sousriant, que vous parliez à elle qu’il ne soit bien tard, car je l’ay laissée pres du temple de la déesse Astrée, où se doit faire le sacrifice, et Thamire aupres d’elle. Mais, madame, continua-t’il, elle ne vous en sçauroit dire guere d’avantage que moy, soit pour la beauté, soit pour toute autre chose qu’il vous plaira d’en apprendre. Que si ce n’est que pour sçavoir qui est Daphnide, c’est une belle estrangere qui est arrivée depuis peu, conduite par un nommé Alcidon, car encores que je n’y aye pas long temps demeuré, je n’ay laissé de m’enquerir, la voyant si belle, qui elle estoit. – Madame, dit alors Cleontine, vous aurez bien tost Celidée et Thamire