Dieu, ny mon honneur, et pour vous asseurer de la doute où vous estes, recevez le serment que je vous fais. Je vous jure, Ursace, par le grand Dieu que j’adore, que je n’espouseray jamais homme que vous, et si ce que j’ay esté me permettoit de pouvoir disposer librement de moy, je vous prendrois dés à ceste heure pour mon mary. Mais je veux croire que vostre amitié est telle que vous ne voudriez pas qu’ayant esté imperatrice, je vesquisse d’autre sorte, et tinsse un moindre rang ; peut-estre que la fortune disposera de sorte de vous, que je pourray vous contenter avec honneur, et lors plaignez-vous de moy si j’y faux. Cependant vivez avec satisfaction que je n’espuseray jamais personne si ce n’est vous, et pour asseurance de ce que je vous jure, recevez ce baiser. Et lors joignant sa bouche à la mienne, elle demeura long temps collée dessus.
Si ceste assemance me fut agreable, et si je receus ce serment de bon ceus, jugez-le, gentil estranger, puis que je n’avois jamais rien desiré avec tant de passion. Je luy respondis donc de ceste sorte : Ma belle princesse, je repis ceste promesse avec tant de remerciemens, et d’une si bonne volonté qu’en eschange je me donne entierement à vous, et vous proteste que jamais je ne contreviendray à ceste donation. Mais permettez-moy aussi de juges par ce grand Dieu, devarit lequel vous m’avez fait ceste promesse, que si jamais