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proche et si grand, que le jour mesme il fit tuer Ætius par ses eunuques. Action qui le rendit si mal voulu de chacun, que dés lors presque il cessa d’estre empereur, n’estant obey que comme tyran, et certes il cogneut bien peu de temps apres que Proxime chevalier Romain luy avoit respondu fort veritablement, lors qu’il luy demanda s’il n’avoit pas bien fait de tuer Ætius : De cela, dit-il, je vous en laisse le jugement, mais je sçay bien que de la main gauche vous vous estes coupé la droite. Car Attila sollicité par l’amour d’Honorique qui luy avoit envoyé son pourtrait, et qui pour estre mal traittée de son frere, desiroit infiniment de sortir de ses mains, et d’espouser ce grand roy barbare, et de plus porté de son extresme ambition, voyant Ætius son grand ennemy, n’estre plus, remettant son armée sur pieds s’en vint attaquer l’Italie, et si furieusement que les premieres troupes des nostres qui s’opposerent à luy, ayant esté deffaites, il ne trouva plus que les villes qui luy fissent teste ; et entre les autres Aquilée qu’en fin, apres un siege de trois ans, il prit et demolit jusques au fondement.

Ceux de Padoue en ce temps-là, et quelques peuples nommez Vennetes, venus dés long temps de la Gaule Armorique, (lors, comme je croy, que sous Belovesus un peuple presque infiny de Gaulois passa en Italie) fuyant la furie d’Attila, se retirerent en quelques petites isles de la mer Adriatique avec leurs