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II y a long temps, luy dis je, ma belle princesse, qu’elle nous a laissez seuls. – Comment, dit-elle, en sursaut, Isidore n’est-elle pas icy ? Et se relevant sur le lict: Elle a eu tort, continua-t’elle, de nous laisser seuls de ceste sorte. -Et pourquoy, madame, luy dis-je, nous n’avons point affaire d’elle. -Non pas vous, me repliqua-t’elle, mais si ay bien moy. Et si vous m’aymiez comme vous dittes, vous seriez content de ce que je vous ay permis, sans me rechercher de chose que je ne puis. Je pensois que la presence d’Isidore vous empescheroit de passer plus outre que l’honnesteté me peut permettre, et voulois bien que ce fust elle, qui par ce moyen vous en fist la deffence, et non pas moy, à fin de vous laisser ceste satisfaction de mon amitié, qu’il n’avoit pas tenu à moy que vous n’eussiez eu toute sorte de preuve de ma bonne volonté, mais puis qu’elle s’en est allée, et que vous ne vous arrestez pas à ce que vous devez, je suis contrainte de vous dire que, si vous voulez de moy ce qu’il me semble que contre mon honneur vous recherchiez, je le vous permettray, à condition toutesfois que je tiendray un poignard nud à la main, pour incontinent après m’en donner dans le cœur, et le punir tout à l’instant de ceste sorte de la faute qu’il m’aura contrainte de commettre. Que si vous ne voulez que je meure, ne me contraignez donc point, je vous supplie, de vous permettre ce que je ne puis ny ne