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Valentinian et Honorique. Et de fortune j’avois esté donné fort jeune enfant à Placidie, pour estre nourry avec son fils comme plusieurs autres de mesme age, enfans des principaux chevaliers et senateurs de Rome; et lors qu’elle quitta l’Italie, j’avois pris une si grande amitié à Valentinian et luy à moy, que l’on ne nous-pouvoit separer.

II advint que l’Empereur Theodose, ne voyant point d’enfant à son oncle Honorius, resolut de donner sa fille à Valentinian, et le faire empereur d’Occident apres la mort d’Honorius. La sage Placidie qui voyoit bien que c’estoit l’avantage de son fils, et le mieux qui luy pouvoit arriver, luy commandoit d’ordinaire de rechercher ceste belle princesse. Mais voyez que c’est que la contrainte en amour: jamais Valentinian ne peut aymer d’amour Eudoxe, quoy que ce fust la plus belle princesse du monde. Toutesfois pour ne desplaire à la sage Placidie, ny à son Germain, desquels toute sa fortune dependoit, il se resolut de feindre et de dissimuler si bien que chacun le creut estre veritablement amoureux. Et pour ce subject il faisoit bien souvent des tournois dans les cirques et dans l’Hippodrome où la belle Eudoxe assistoit ordinairement quoy qu’elle fust si jeune qu’il n’y eust pas grande apparence qu’elle deust prendre garde à l’amour. Et parce que j’estois nourry aupres de ce jeune prince,