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grand Theodose, en devint si passionnément amoureux qu’il la requit en mariage, et peu apres l’espousa avec la permission d’Alaric. Considerez quelle force ceste sage princesse se fit à soy-mesme avant que de pouvoir consentir à ceste aliance, et quelle deust estre sa prudence pour se conduire entre ces peuples rudes et barbares si sagement qu’elle fit ! Et ec cela Dieu fit bien paroistre d’avoir pitié de la deplorable Rome, car sans ceste alliance, elle eust esté entierement rasée ; d’autant qu’Alaric s’en retournant mourut à Cosenze, et le Prince Ataulfe, par la voix commune de l’armée, fut esleu roy.

Si vous considerez ce tableau qui est auprés de celuy de Placidie, vous jugerez aisément, que c’estoit une personne rude et hagarde, et plustost desireuse de sang et de guerre, que non pas de paix. Aussi il n’eut si tost ce pouvoir absolu pour les Goths, qu’il reprit le chemin de Rome, en dessein de la brusler et démolir entierement, luy semblant que tant que les murailles de la ville demeureroient entieres, il y auroit tousjours un empereur Romain, duquel le nom luy estoit si odieux, qu’il en vouloit faire perdre la memoire. Qunad la sage Placidie descouvrit son intention, elle resolut de faire tout ce qui luy seroit possible pour l’en divertir, luy semblant que la desolation entiere de sa patrie estoit une extreme sur-charge à ses malheurs. Elle se monstre donc au