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S’il doit mourir ou vivre.

Mon esprit combattu diversement chancelle,
Dois-je vivre ou.mourir parmy tant de malheurs ?
Si je vis, hé ! comment souffrir tant de douleurs ?
Si je meurs, hé ! comment estre à jamais sans elle ?

En mourant je n’auray que l’espine cruelle,
Dont Amour si souvent m’a tant promis de fleurs ;
En vivant je seray tousjours noyé des pleurs,
Que mon cuisant regret sans cesse renouvelle.

Pour tromper tant de maux, mon cœur, que ferons-nous ?
Vivons. La vie en fin est agreable à tous. Mourons.
Douce est la mort dont l’ame est soulagée.

En quel cruel estat m’ont reduit mes ennuis,
Puis que, ny vif ny mort, la misere où je suis,
Tant mon desastre est grand, ne peut estre allegée !

Miserable Ursace, disoit-il, apres s’estre teu quelque temps, jusques à quand te trompera ce vain espoir qui te flatte ? Combien te fera-t’il passer encores de jours en ceste cruelle misere ?