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pour alleguer au contraire, quand Léonide luy fit signe de la main qu’il se teust, et tirant à part Chrisante, Astrée, Diane, Phillis, Madonte et Laonice, leur demanda de quel advis elles estoient ? Mais parce qu’elles furent long temps à se resoudre, et que ces bergers qui n’estoient point appellez à leur conseil, ne pouvoient demeurer sans rien faire, Hyras fut le premier qui s’addressant à Doris : Il n’y a que vous au monde, luy dit-il, qui vous faschez d’estre trop riche. – Comment l’entendez-vous ? respondit-elle. – Je veux dire, adjousta Hylas, que vous ne devez pas seulement recevoir ces bergers qui vous ayment (pour tesmoignage que vous estes belle) mais tous ceux encores qui se voudront donner à vous ; car c’est honneur à une fille d’estre aymée et recherchée de plusieurs, outre la commodité qui s’en peut retirer. – Je croy, respondit froidement Doris, que cela seroit bon pour celles qui veulent estre estimées belles, et ne le sont pas, ou bien qui preferent ceste vanité, dont vous parlez, à un repos, et à un solide contentement. – Si c’est bien d’estre aymée, repliqua Hylas, plus vous le serez et plus vous aurez du bien. – Et si c’est mal, adjousta Doris, plus je seray aymée, et plus j’auray de mal. – Il est vray, reprit Hylas, mais quelle apparence y a-t’il que ce soit mal d’estre aymée de plusieurs ? – Ils nous hayssent à la fin, respondit-elle. – Ouy bien, repartit-il, si vous ne les