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du costé de la plaine d’où elle venoit. Et apres l’avoir salué, et que le druyde luy eut demandé où elle avoit laissé Paris, elle luy respondit que toutes ces belles bergeres ’avoyent accompagnée jusques aupres du temple de la bonne Déesse, et que Paris les avoit voulu reconduire. – Mais, dit-elle, mon pere, j’ay faict une plaisante rencontre, et qui m’a retenue, de sorte que je pensois que Paris seroit arrivé avant moy. – Et quelle est-elle ? luy dit le druide. – C’est, respondit Leonide, de Celadon. Il faut que vous sçachiez que depuis que nous le fismes sortir du palais d’Isoure, au lieu d’aller trouver ses parents et amis, il s’est retiré dans une caverne, où il s’est tellement caché à tous ceux de sa connoissance, qu’il n’y a personne qui ne pense qu’il soit mort. – Et pourquoy, dit Adamas, a-t’il fait ceste resolution ? – Je croy, respondit-elle, qu’il a quelque maladie d’esprit et qu’il ne vivra pas long temps, car il ne parle qu’à force, et ne vit que d’herbes, et a une si grande tristesse que vous ne le reconnaistriez pas. – Et d’où vous a-t’il dit, adjousta le druide, que ce mal luy procedoit ? – Il n’en parle qu’à mots interrompus, et si peu, qu’il est aysé à connoistre que le discours luy en desplait. Toutesfois je pense que l’amour qu’il porte à la bergere Astrée en est la cause. – Si cela est, respondit Adamas, il est