tout cela ne vous doit-il pas convier d’y aller ? – Tout ce que vous me racontez, luy dis-je, ne m’esmeut point au prix de la volonté que vous en avez, car pour toutes ces choses, mon frere mon amy, je viens du palais d’Isoure, où j’ay bien eu le loisir d’en passe : mon envie. Mais puis que vous desirez que j’aille voir ces bergeres, je le feray, pourveu que vous me disiez à, laquelle vous en voulez : je veux dire si c’est à Astrée ou à Diane. – Vous estes devenue bien curieuse en peu de temps, me dit-il. – Je l’advoue, luy respondis-je, mais cela ne m’empeschera pas que je ne vous face cette demande encor une fois, et que si vous me la refusez, je ne die qu’en peu de temps aussi vous estes bien devenu secret, puis que vous m’en disiez auparavant plus que je n’en voulois sçavoir. – Et quoy ? ma sœur, me dit-il, ayant si peu de merites, pourriez-vous penser que je m’adressasse à la justice ? – Je vous entends, Puy dis-je, vous voulez dire Astrée ; mais aussi, mon frere, prenez garde que la veue de ceste Diane ne vous face devorer à vos desirs. – Or considerez, me repliqua-t’il, en quel estat je suis. Je vous jure, ma sœur, que je voudrois estre en danger d’en estre mangé, voire de mes chiens, aussi bien qu’Acteon, pourveu que j’eusse le bon-heur de voir ceste Diane nue. – Est-il possible, luy dis-je, que vous fassiez si peu de conte de vostre vie ? – Ce
Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/550
Cette page n’a pas encore été corrigée