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ay l’obligation de ma vie et de mon honneur. – Pour vous dire mon nom, me respondit-il, c’est une grace que je vous demande de ne m’y voiloir point contraindre. Pour vous conduire où vous voudrez, il n’y a rien qui m’en puisse empescher, pourvez que se soit promptement.

Cependant que ces choses se passoient de ceste sorte tant à mon advantage en ce lieu, les dieux voulurent bien faire cognoistre que jamais ils n’abandonnent l’innocence. Car il advint que ma pauvre nourrice, n’ayant pas le courage de me voir mourir, croyant pour certain que Tersandre ne sçauroit resister contre ces deux chevaliers, s’estoit renfermée dans ma chambre, pleurant et faisant de si pitoyables regrets, qu’il n’y avoit personne qui n’en fust esmeue. Ormanthe qui avoit receu d’elle et de moy toutes courtoisies qu’elle pouvoit desirer, en fut esmeue et parce qu’elle estoit fort peu fine, elle ne peut s’empescher de dire wue sa tante luy avoit asseuré que je ne mourrois point, mais que seullement elle vouloit que je luy fusse obligée de la vie afin que je luy fisse plus de bien. – Ah ! Ma mie, luy dit ma nourrice, il n’y a point de doute que nostre maistresse est morte, si Tersandre ne demeure victorieux et que le roy mesme, selon les loix, ne la sçauroit sauver. –