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long temps, qu’il s’y esteignit presque entierement. Les juges estonnez de ceste preuve, voulurent touchger le charbon pour sçavoir s’il estoit chaud, mais ils en retirerent bien promptement la main ; et apres qu’il fut presque esteint, comme je vous disois, ils visiterent ma main pour voir s’il n’y avoit point l’apparence de brulsleure. Mais ils n’y en trouverent non plus que si jamais il n’y eust eu du feu.

S’ils en furent estonnez, vous le pouvez penser ; tant a a qu’ils en firent : Le rapport au roy qui ordaonna que Leriane en seroit avertie, pour si ceste preuve de mon innocence luy feroit point changer de discours. Mais au contraire, elle dit que quelque resepte avoit empesché que le feu ne m’avoit offencée ; Mais que les tesmoins qu’elle prsentoit, estoient irreprochables. Et que cette preuve du feu seroit peut-estre recevable si elle estoit ordonnée par les juges, et non pas procedée de ma seul volonté qui la rendoy suspecte de beaucoup d’artifice. Bref, sages bergeres. Elle sçeut de telle sorte soustenir sa fausetté que toute la faveur que le roy me peut faire, fust d’ordonner, que le tout se verifieroit par les armes, et que dans quinze jours nous donnerions des chevaliers qui combattroient à outrance pour nous

Les nouvelles de tout ce que ay raconté,