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de ce lieu, Paris s’approchant de l’autel, et faisant l’office de druide, ayant cueilly quelques fueilles de chesne : Reçoy, dit-il, ô grande deité, qui que tu sois adorée en ce lieu, l’humble recognoissance de ceste devote troupe, avec une aussi bonne volonté, qu’avec humilité et devotion je t’offre au nom de tous, ces fueilles de l’arbre le plus aymé du ciel, et sous le tronc duquel il te plaist que l’on t’honore. Il dit, et offrant ces fueilles, les mit avec un genouil en terre sur l’autel. Alors chascun se releva, et s’approchant de ces gazons pour voir le tableau qui estoit dessus, ils apperceurent deux amours, comme j’ay dit, qui tenant à deux mains les branches de palme et de mirte entortillées, s’efforçoient de se les oster l’un à l’autre.

La peinture estoit fort bien faite ; car encor que ces petis enfans fussent gras et potelez, si ne laissoit-on de voir les muscles et les nerfs, qui à cause de l’effort paroissoient eslevez, non toutesfois en sorte que l’on ne recognut bien que l’enbompoint esmpechoit qu’ils ne parussent davantage. Ils avoient tous deux la jambe droite avancée et les pieds qui se touchoient presque l’un l’autre. Les bras estoient fort en avant, et, au contraire. les corps en arriere, comme s’ils avoient appris que plus un poids est esloigné, et plus il a de pesanteur, car chacun d’eux pour donner plus de peine à son