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a plus de secrets à luy dire. Je remarquay incontinent ce renouvellement d’amitié, et le dis à Dorinde, qui en rioit avec moy, voyant que Teombre s’y rembarquoit. Et d’autant que Florice ne voyoit point que je revinsse comme elle s’estoit figuré, elle augmenta les faveurs qu’elle luy faisoit, de sorte que plusieurs ne pouvant approuver ceste vie, le dirent à ses parents, d’autant que le bruict de cette affection estoit si grand qu’il ne se pouvoit plus cacher, à quoy elle avoit esté containte, parce que pour me faire voir ses actions, il fallut qu’elle en fist de grandes demonstrations, et qu’au lieu de les cacher comme c’est l’ordinaire, elle les descouvrist à la veue de chascun, voire s’etudiast de les faire paroistre, autrement elles m’eussent esté incogneues, pource que je ne la voyois plus qu’en public, et bien souvent encor, estant en ces lieux là, je ne faisois pas semblant de la voir.

Or son pere estant adverty, comme j’ay dit, de ceste amour, l’en tansa infiniment, et plus encores sa mere, qui par toute la contrée avoit tousjours esté un exemple d’honneur et chasteté. Elle usa au commencement d’excuse ; mais en fin ne pouvant plus se couvrir, elle advoua, et dit qu’il estoit vray que Teombre la recherchoit, et qu’elle ne pouvoit pas empescher qu’on ne l’aimast. Mais la mere qui, en quelque sorte que ce fut, ne vouloit approuver cette