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coups d’amour ; mais l’affection qui la possede est cause de cette froideur, et envers vous et envers tout autre. Et à fin de vous sortir d’erreur, encore que je sçache que cela pour le commencement vous desplaira, si ne laisseray-je de vous en dire la verité. Soyez asseuré, mon frere, luy dis-je en l’embrassant, et le baisant à la joue, que je la possede de sorte qu’elle ne voit que par mes yeux. Il est vray que je ne vis de ma vie une plus sage ny plus discrette amante que celle-là, car elle a tant de peur que sa passion soit recogneue, que jamais en public elle ne tourne la veue vers moy, qu’elle n’y soit contrainte par les loix de la civilité ; mais lors que nous sommes en particulier, si vous voyez les caresses extraordinaires qu’elle me fait, vous admireriez le commandement qu’elle a sur elle mesme, de n’en faire point de demonstration ailleurs. Et afin que vous ne pensiez pas que ce soit un conte inventé, encor que l’amitié qui est entre nous doive effacer toute telle meffiance, si vous en veux-je donner cognoissance, qui vous asseurera assez de tout ce que je vous dis. Mais je vous conjure par nostre amitié (puis que ce que je vous en dis n’est que pour vous oster de la tromperie, en quoy sa froideur vous retient) que vous ne me descouvriez jamais ; car cela ne vous pourroit profiter, et seroit cause de me ruiner envers elle. Et lors, me l’ayant juré, je continuay : Avez-