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Mon coeur ne craint tous ces estonnemens. Ne mens.
Je ne mens pointni ne suis temeraire
J’apprens d’amour ces beaux enseignemens.
Faut-il rien plus pour un grand mystere ? Taire.

VII

Je me tairay. Plustoist ma voix pressée,
Souspirera ma mori que ma pensée,
Amant secret comme amant valeureux. Heureux.
Heureux cent fois aymée de ceste belle :
Mais d’où scais-tu que son coeur genereux
Sera vaincu si je luy suis fidelle ? D’elle.

Encore que le berger n’ignorast point que c’estoit luy-mesme qui se respondoit, et que l’air frappé par sa voix rencontrant les concavitez de la roche, estoit respoussé à ses oreilles, si ne laissoit-il de ressentir une grande consolaiton des bonnes responces qu’il avoit receues, luy semblant que rien n’estant conduit par le hazard, mais tout par une tres-sage providence, ces paroles que le rocher luy avoit renvoyées aux oreilles n’avoyent esté prononcées par luy à dessein, mais par une secrete intelligence du demon qui l’aymoit, et qui les lui avoit mises dans la bouche. Et en cette opinion il suivoit la coustume de ceux qui ayment, qui ordinaire se flattent en