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à Astrée : J’advoue, dit-elle, que j’ay esté aveugle de ne cognoistre pas que vous estiez la bergere Astrée, de qui la beauté, ne pouvant se renfermer en un si petit pays que le Forests, remplit de sa louange toutes les contrées d’alentour. Mais vous devez, ce me semble, recevoir pour excuse, qu’admirant et vous et Diane, je demeurois comme esblouye et confuse de trop de lumiere. Et je commence de bien esperer de nostre voyage, puis que d’abord nous avons faict la plus heureuse rencontre que nous eussions peu desirer.

Astrée, pleine de civilité, luy respondit avec les plus honnestes paroles qu’il luy fut possible. Et, apres s’estre embrassées et bai­sées, Hylas les interrompant : Et quoy ? Florice, dit-il, que vous semble de nos villages ? Vistes-vous jamais rien de si beau parmy les artifices de vos villes ? Et n’ay-je point eu raison de vous quitter toutes pour ces bergeres, puis que la simplicité de mon humeur et de mon esprit a bien plus de simpathie avec leur beauté naturelle, qu’avec les ruzes et finesses dont vous usez dans vos villes ? – Si jamais vous avez disposé vos actions, dit Flonce, avec jugement, j’advoue que c’a esté ceste fois, non pas pour la conformité des humeurs qui peut estre entre ces belles bergeres et vous, car en Cela vous seriez trop differents, mais parce que Hylas ayant esté toute sa vie volage