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non de malice, en le desguisant d’un voile le fit sortir hors du temple, et l’amena jusques en son logis, qui estoit dans la demi isle, que le Rosne et l’Arar font aupres de l’Athenée. A la verité cette courtoisie fut bien assez grande pour obliger Hylas à revoir Palinice, mais sa modestie aussi estoit bien une bride assez forte, pour empescher que tout autre que Hylas ne luy eust parlé d’amour ; toutesfois il n’attendit pas la troisiesme visite, sans luy en dire son opinion. Car le lendemain qu’il vint chez elle, ce fut avec autant de familiarité, que s’il eust esté tousjours nourry aupres d’elle. Vous m’avez, luy dit-il d’abord, conservé la vie. Il est bien raisonnable qu’elle soie employée à vostre service ; aussi le veux-je faire, quand ce ne seroit que pour n’estre point ingrat. Vous aussi, pour ne souiller la premiere faveur que vous m’avez faite, recevez l’offre que je vous fay de mon service, et ne croyez point qu’il y ait personne au monde qui vous puisse plus aymer que moy, ny qui en ait plus de volonté. Ma compagne, qui n’avoit pas accoustumé d’ouyr de semblables harangues, pour le commencement luy respondit assez froidement ; mais voyant qu’il continuoit, elle s’en fascha, ne pouvant, supporter qu’il luy tinst ce langage. En fin, quand par la continuation de ses visites, elle recogneut son humeur, elle ne faisoit