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Celidée. Toutesfois ceste consideration n’eust guieres de force en luy pour le commencement, parce que les premiers mouvements furent trop grands en luy, se voyant tout à coup descheu de ses esperances ; ce que la nymphe prevoyant bien, afin d’esviter les regrets et les pleurs de ce berger, aussi tost qu’elle eut prononcé les derniers paroles de son jugement, elle se leva, y estant mesme conviée par la nuict qui s’aprochoit, ne restant guiere plus de jour qu’il luy en faloit pour se retirer chez son oncle. Apres avoir donc salué ces belles bergeres, elle et Paris prierent Silvandre de les conduire jusques hors du bois de Bonlieu, craignant de ne se pouvoir pas bien demesler de quelques sentiers entrelassez, parce qu’il estoit trop tard, ne voulant permettre à ces honnestes bergeres de l’accompagner pour ceste occasion. Elles se separerent donc de ceste sorte, et peu apres la nymphe et Paris licentierent aussi Silvandre, ayant passé le pont de la Bouteresse, et continuant leur voyage, arriverent chez Adamas, qui estoit prest à souper. Silvandre d’autre costé reprenant son chemin, laissa à main gauche Bonlieu, temple dedié à la bonne déesse, où elle est servie avec honneur et devotion par les vestales et chastes filles druides, sous la charge de la venerable Chrisante, et passa dans un bois si