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point les discours particuliers qu’ils eurent, car ils seroyent trop longs; tant y a qu’ayant long temps consideré le visage et les mains, et ayant jetté quelques figures sur un papier qu’il separa et puis rejoignit ensemble, il leur tint telles paroles : Seigneurs, vivez et vous conservez à une meilleure saison que le Ciel vous promet. Vous, dit-il, s’addressant à Ursace, vous recouvrerez celle que vous avez perdue par le moyen de l’homme que vous aymez le plus au monde, et plein de contentement, la possederez à longues années dans la mesme ville où vostre amour a pris naissance. Et vous, dit-il, se tournant vers Olimbre, vous espouserez celle que vous aymez, la ramenerez en sa patrie avec sa mere, et de mourrez jamais que, fait empereur, vous n’ayez commandé à l’empire d’Occident. Ces choses que je vous dis sont infaillibles, et rien ne les peut divertir.

La reputation de cet homme eut une grande force sur Ursace, et plus encores les particularitez de sa vie passée qu’il luy dit, et qu’il ne pouvoit avoir sçeues que par sa doctrine ; de sorte qu’il resolut de le croyre, et de suivre le conseil qu’il luy donneroit. Et se descouvrant à ceste occasion entierement à luy, le pria par le grand Dieu qu’il adoroit, de le vouloir assister de son advis. Et lors il luy proposa la hayne de Genseric, et