Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1011

Cette page n’a pas encore été corrigée

trois de venir ensemble en ce lieu, pour de compagnie mettre fin à nos jours. Mais le Ciel ne l’a pas voulu, le faisant mourir lors que vous nous avez secourus. Et parce que ces deux femmes que vous avez sauvées sont deux de ses filles plus aymées, qui estoient venues pour luy clorre les yeux, si de fortune le conseil des six cens luy eust accordé le poison, nous avons pensé d’estre obligez de les assister en cet accident, et de ne les point abandonner, jusques à ce qu’elles ayent trouvé le corps de leur pere, et rendu ce dernier devoir à celuy qui n’eut jamais infortune durant sa vie, afin que mesme apres la mort il soit si heureux que d’estre enterré par les mains de ses enfans. Et apres, nous avons fait dessein de les renvoyer à nos despens, aussi tost que nous aurons eu nouvelle de Rome. Mais pour ce qui nous concerne, nous sommes resolus d’achever nostre dessein, et ne retardons de nous presenter devant le Conseil, que pour faire paroistre que la perte des biens ny le naufrage ne nous ont point donné ceste volonté, estant plus riches, puis que le Ciel le veut, de grandes terres et possessions que de contentement, et pour ceste occasion nous avons envoyé en nos maisons pour faire venir nos esclaves et serviteurs, avec une partie de nos biens.

Ursace finit de ceste sorte, me laissant infiniment touché de compassion pour sa fortune, et gour