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quelque defaut; qu’au contraire, l’allant trouver en son palais, il seroit hors de toutes ces peines, et n’auroit à penser qu’à ce qu’il auroit à luy dire. Sur cette resolution ils se separerent, pleins d’espoir, et l’un et l’autre, de voir bien-tost l’heureuse fin qu’ils desiroient à leur entreprise.

Mais Polemas qui avoit un esprit vif, un tres-bon jugement, et un courage plein d’ambition, quoy qu’il fist semblant de remettre sur la conduite de Climante toute l’esperance qu’il avoit conceue, si est-ce qu’il ne laissoit rien en arriere qu’il jugeast estre necessaire pour en venir à bout, de sorte qu’encores qu’il vist quelque apparence en la ruse de cet homme, si ne laissa-t’il de pourvoir à ses affaires, afin que, si l’artifice ne faisoit l’effect pretendu, il pust en venir à bout par la force. Et de fait, outre qu’il s’estoit acquis tous les ambactes et solduriers de la province, encore en entretenoit-il plusieurs secrettement, et dedans et dehors l’Estat. II s’estoit rendu maistre de tous les lieux forts, et de tous les ponts et passages, avec une si grande prudence, que nul ne s’en estoit pris garde qu’apres. Et pour ne faire rien à la volée, il n’y avoit roy ny prince autour de luy, avec lequel il n’eust une tres-estroitte intelligence, et duquel il n’eust promesse d’estre assisté, en cas qu’il les en requist. A toutes ces prevoyances, il en adjousta encor une qui n’estoit pas petite, à sçavoir un tres-grand amas de toutes sortes de munitions, et d’instrumens de guerre.

Et par ce que le fait de toutes