ans en grece, revint en sa patrie, honoré de Pimandre, et d’Amasis, qui luy donnerent la plus belle charge qui fust pres de leur personne. Mais voyez que c’est que de nous. On se saoule de toute chose par l’abondance, et le desir assouvy demeure sans force. Aussi tost que mon pere eut les faveurs de la fotune telle qu’il eust sceu desirer, le voilà qu’il en perd le goust, et les mesprise. Et lors un bon demon, qui le voulut retirer de ce goulphe, où il avoit si souvent failly de faire naufrage, luy representa, à ce que je luy ay ouy dire, semblable considerations. Vien ça, Alcippe, quel est ton dessein ? N’est-ce pas de vivre heureux autant que Cloton filera tes jours ? Si cela est, où penses-tu trouver ce bien, sinon au repos ? Le repos, où peult-il estre que hors des affaires ? Les affaires, comment peuvent-elles esloigner l’ambition de la cour, puisque la mesme felicité de l’ambition git en la pluralité des affaires ? N’as tu point encor assez esprouvé l’inconstance ont elles sont pleines ? Aye pour le mons ceste consideraton en toy : l’ambition est de commander à plusieurs, chacun de ceux-là a mesme dessein que toy. Ces desseins leur proposent les mesmes chains : allant par mesme chemin, ne peuvent-ils parvenir là mesme où tu es ? Et y parvenant, puis que l’ambition est un lieu si estroit qu’il n’est pas capable que d’un seul, il faut que tu deffendes de mille qui t’attaqueront, ou que tu leur cedes. Si tu te deffens, quel peut estre ton repos, puis que tu as à te garder des amis, et des ennemis, et que jour et nuict leurs fers sont aihuisez contre toy ? Si tu leur cedes, est-il rien de si miserable qu’un courtisan décheu ? Doncques, Alcippe, r’entre en toy mesme, et te ressouviens que tes peres et ayeuls ont esté plus sages que toy. Ne vueille point estre plus advisé, mais plante un clou de diamant à la roue de ceste fortune, que tu as si souvent trouvée si muable. Reviens au lieu
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