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Au Roy[1]


Sire,

Ces Bergers oyans raconter tant de merveilles de vostre grandeur n’eussent jamais eu la hardiesse de se presenter devant Vostre Majesté, si je ne les eusse asseurez que ces grands Roys, dont l’antiquité se vante le plus, ont esté Pasteurs, qui ont porté la houlette et le Sceptre d'une mesme main. Ceste consideration, et la connoissance que depuis ils ont euë, que les plus grandes gloires de ces bons Roys ont esté celles de la paix et de la justice, avec lesquelles ils ont heureusement conservé leurs peuples, leur a fait esperer que comme vous les imitiez et les surpassiez en ce soing paternel, vous ne mespriseriez non plus ces houlettes, et ces troupeaux qu'ils vous viennent presenter comme à leur Roy, et Pasteur souverain.

Et moy (Sire) voyant que nos Peres, pour nommer leur Roy avec plus d’honneur et de respect, ont emprunté des Perses le mot de SIRE, qui signifie Dieu, pour faire entendre aux autres nations combien naturellement le François ayme, honore, et revere son Prince: j’ay pensé que ne leur cedant point e

  1. Dédicace publiée pour la première fois dans la deuxième partie de l’Astrée en l6l0.