Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/629

Cette page n’a pas encore été corrigée

amitié comme vostre sœur, et que d’or’en là vous m’aimiez, ne cherissiez, et me traittiez comme telle.

On ne sçauroit representer le contentement de Celadon oyant ces paroles, car il advoua que celle-cy estoit une de ces choses qu’en sa misere il recognoissoit particulierement pour quelque eespece de contentement ; c’est pourquoy apres avoir remercié la nymphe de l’amitié qu’elle luy portoit, il luy jura de la tenir pour sa sœur, et n’user jamais en son endroit que comme ce nom luy commandoit. Là dessus pour n’estre pas retrouvez, ils se separent tres-contens, et satisfaits l’un de l’autre. Leonide retourna au palais et le berger continua son voyage, fuyant les lieux où il croyoit pouvoir rencontrer des bergers de sa cognoissance. Et laissant Montverdun à main gauche, il passa au milieu d’une grande plaine, qui en fin le conduisit jusques sur une coste un peu relevée, et de laquelle il pouvoit recognoistre et remarquer de l’oeil la plus part des lieux, où il avait accoustumé de mener paistre ses trouppeaux de l’autre costé de Lignon, où Astrée le venoit trouver, et où passoient quelquefois la chaleur trop aspre du soleil. Bref ceste veue luy remit devant les yeux la plus part des contentements qu’il payoit à ceste heure si cherement. Et en ceste consideration s’estant assis au pied d’un arbre, il souspira tels vers.

Ressouvenirs


Icy mon beau soleil repose,
Quand l’autre paresseux s’endort,
Et puis le matin quand il sort,
couronné d’oeillet et de rose,
Pour chasser l’effroy de la nuit,
Deçà premierement reluit
Le soleil que min ame adire,
Apportant avec