cacha son dessein.
Mais comme il n’a a feu si secrettement couvert dont il ne sorte quelque fumée, aussi n’y a-t’il rien de si secret dont quelque chose ne se découvre, et par ainsi quelques uns sans y penser me le dirent.
Aussi tost que le sceus la premiere fois que je le veis, je le tiray à part: Et bien, luy dis-je, Lydias, avez-vous resolu que je ne sçache point que vous me laissez ? Croyez-vous mon amitié si foible qu’elle ne puisse soustentir les coups de vostre fortune ? Si vos affaires veulent que vous retourniez en vostre patrie, pourquoy ne permet vostre amitié avec vous ? Demandez moy à mon pere, je m’asseure qu’il sera bien aise de nostre alliance, car je sçay qu’il vous aime ; mais de me seule icy, avec vostre foy parjure, non, Lydias, croyez-moy, ne commettez point une si grand faute, car les dieux vois puniront.
Il me respondit froidement qu’il n’avoit point pen sé à son retour, et que toutes les affaires ne luy estoient rien au prix du bien de ma presence, que je l’offensois d’en douter, mais que ses actions me contraindroient de l’advouer.
Et toutesfois ce parjure, deux jours apres s’en alla avec les premieres trouppes qui partirent de la grande Bretaigne, et prit son temps si à propos qu’il arriva sur le bord de la mer le mesme jour qu’ils devoient partir, et ainsi s’embarqua avec eux. Nous fusmes incontinent advertis de son depart ; toutesfois je m’estois tellement figurée qu’il m’aimoit, que je fus la derniere qui le creut, de sorte, qu’il y avoit plus de huict jours qu’il estoit party, que je ne me pouvois persuader qu’un homme si bien nay fust si trpmpeur et ingrat. Enfin un jour s’escoulant apres l’autre, sans que j’en eusse accune
nouvelle, je recogneus que j’estois trompée et que veritablement Lydias estoit party.
Si alors mon ennuy fut grand, jugez-le seigneur chevalier,