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LE DOUZIESME LIVRE
DE LA PREMIERE
Partie d'Astrée


Dés que le jour commença de poindre, Leonide, suivant la resolution que le soir Adamas, sa compagne, et Celadon avoient prise ensemble, vint trouver le berger dans sa chambre, à fin de luy mettre l’habit que son oncle luy avoit apporté. Mais le petit Meril, qui par commandement de Galathée, demeuroit presque d’ordinaire avec Celadon, pour espier les actions de Leonide, autant que pour servir le berger, les empescha long-temps de le pouvoir faire ; en fin quelque bruit qu’ils ouyrent dans la cour fit sortir Meril pour leur en rapporter des nouvelles. Tout incontinent Celadon se leva, et la nymphe (voyez à quoy l’amour la faisoit abaisser !) luy aida a s’habiller, car il n’eut sceu sans elle s’approprier ces habits. Voilà peu apres le petit Meril, qui revint si courant qu’il faillit de les surprendre: toutesfois Celadon qui s’y prenoit garde, entra dans une garderobe en attendant qu’il s’en retournast. Il ne fut plustost entré qu’il demanda où estoit Celadon. Il est dans ceste garderobe, dit la nymphe, il ressortira incontinent. Mais que luy veux-tu ? – Je voulois, respondit le garçon, luy dire qu’Amasis vient d’entrer ceans.

Leonide fur un peu surprise, craignant de ne pouvoir achever ce qu’elle avoit commené ; toutesfois pour s’en conseiller à Celadon, elle dit a Meril: Petit Meril, je te prie, va courant en advertir madame, car