attaqua celle de l’ennemy, et l’infanterie de mesme, avec un si grand bruit, que les hommes, les armes et les chevaux faisoient, qu’on n’eust pas oüy tonner. Apres avoir passé plusieurs nues de traits, je ne sçaurois vous raconter au vray comment je me trouvay avec mon maistre au milieu desennemis, où je ne faisois qu’admirer les grands coups de l’espée de Lindamor.
Et sans mentir, belle nymphe, je luy veis faire tant de merveilles, que l’une me fait oublier l’autre. Tant y a que sa valeur fut telle que Meroüé voulut sçavoir son nom, comme l’ayant remarqué ce jour là entre tous les chevaliers. Desja ce premier escadron estoit victorieux, et les nostres commençoient à se rallier pour aller attaquer le second, quand I’ennemy, pour faire un entier effort, fit marcher tout ce qui luy restoit, afin d’investir si promptement ceux-cy, que Meroüé ne les peust secourir à temps. Et certes, s’il eust eu affaire à un capitaine moins experimenté que cestuy-cy, je croy bien que son dessein eust eu effect. Mais ce grand soldat, jugeant le desespoir de l’adversaire, fit partir en mesme temps trois escadrons nouveaux, deux aux deux aisles et le troisiesme en queue du premier, si à propos qu’ils soustindrent une partie du premier choc. Toutesfois nous qui estions avancez, nous trouvasmes fort outragez du grand nombre.
Mais je ne veux icy vous ennuyer par une particuliere description de ceste journée, aussi bien n’en sçaurois-je venir a bout. Tant y a qu’au mesme temps les deux infanteries s’estans rencontrées, celle de Meroüé eut du meilleur, et autant que nous gagnions du terrain sur ceux du cheval, autant en perdoit l’infanterie de l’ennemy. Si est-ce qu’au choc que nous receusmes, il y eut plusieurs des nostres portez par terre, outre ceux que les traits de l’infanterie dés le commencement de la bataille avoient des-ja