quelques estrangers firent aux provinces des Sequanois, Viennois, et Segusiens, ce petit enfant fut perdu, et mourut sans doute de necessité, car depuis on n’en a point eu de nouvelles. Et quelques années apres ils eurent une fille qui fut nommé Diane. Mais Celion ny Bellinde n’eurent pas longuement le plaisir de cet enfant, parce qu’ils moururent incontinent apres et tous deux en mesme jour ; et c’est ceste Diane dont vous m’avez demandé des nouvelles et qui est tenue en mon hameau pour l’une des plus belles et plus sages bergeres de Forests.
Celadon alloit de ceste sorte racontant à la nymphe l’histoire de Celion et de Bellinde, cependant que Leonide et Galathée parloient des nouvelles que Fleurial leur avoit rapportées. Car aussi tost que la nymphe apperceut Leonide, elle la tira à part, et luy dit qu’elle empeschast que Fleurial ne veist Celadon : Car, disoit-elle, il est tant acquis à Lindamor qu’il seroit assez beste pour luy dire tout ce qu’il auroit veu ; entretenez-le donc, et quand j’auray veu mes lettres, je vous diray ce qu’il y aura de nouveau. A ce mot, la nymphe sortit de la chambre et emmena Fleurial avec elle. Et apres quelques autres paroles, elle luy dit : Et bien, Fleurial, quelles nouvelles apportes-tu à Madame ? – Fort bonnes, respondit-il, et toutes telles que vous et elle sçauriez desirer. Car Clidaman se porte bien et Lindamor