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pour le vous dire.

Celion oyant ces nouvelles, demeura sans respondre presque hors de soy. Et puis reprenant la parole : Vous mocquez-vous point, dit-il, mon frere, ou si vous le dites pour m’abuser ? – Je vous jure, respond Diamis, par le grand Thautates, Hesus et Thamaris, et par tout ce que nous avons de plus sacré, que je vous dy verité et que bien tost vous le sçaurez par le berger Ergaste. Alors Celion levant et les mains et les yeux au ciel : O Dieu ! dit-il, à quelle fin mal-heureuse me reservez-vous ? Son frere, pour l’interrompre: Il ne faut plus, luy dit-il, parler ny de mal-heur ny de mort, mais seulement de joye et de contentement, et sur tout vous preparer à remercier Ergaste du bien qu’il voils fait ; car je le voy qui vient à nous.

A ce mot Celion se leva, et le voyant si pres, le courut embrasser avec autant de bonne volonté que peu auparavant il luy en portoit beaucoup de mauvaise. Mais quand il sceut la verité de toute ceste affaire, il se mit à genoux devant Ergaste, et luy vouloit à force baiser les pieds.

J’abbregerai, belle nymphe, tous leurs discours et vous diray seulement, qu’estant de retour, Ergaste luy donna Bellinde et qu’avec le consentement de son pere, il la luy fit espouser et voulut seulement, comme il en avoit des-jà prié Bellinde, que Celion le receust pour tiers en leur honneste et sincere affection, et luy-mesme se donnant entierement à eux, ne voulut jamais se marier.

Voilà, belle et sage nymphe, ce qu’il vous a pleu de sçavoir de leur fortune qui fut douce a tous trois, tant que les dieux leur permirent de vivre ensemble ; car peu de temps apres leur nasquit un fils qu’ils firent nommer Ergaste, à cause de l’amitié qu’ils portoient au gentil Ergaste, et pour en conserver plus longuement la memoire. Mais il advint qu’en ce cruel pillage que