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de ces belles paroles. Je regrette seulement que ce qui se presente ne soit une preuve plus grande de mon affection, afin qu’en quelque sorte vous puissiez cognoistre que si je suis vielly sans vous avoir fait service, ce n’a pas esté faute de volonté, mais de n’avoir eu l’heur d’estre employé. – Adamas, respondit la nymphe, les services que vous avez rendus à Amasis, je les tiens pour miens, et ceux que j’ay receus de vostre niece, je les reçois comme de vous. Par ainsi vous ne pouvez pas dire qu’en la personne de ma mere vous ne m’avez beaucoup servie, et qu’en celle de vostre niece, vous n’ayez bien souvent esté employé. Quelquefois, si je puis, je recognoistray ces services tous ensemble, mais en ce qui se presente à ceste heure, ressouvenez-vous, puis qu’il n’y a rien de plus douleurex que les blessures qui sont aux parties plus sensibles, qu’ayant l’esprit blessé vous ne sçauriez jamais trouver occasion de me servir qui me fust plus agreable que celle-cy. Nous en reparlerons à loisir, cependant allez vous reposer, et Silvie vous conduira en vostre chambre, et Leonide me rendra conte de ce qu’elle a fait.

Ainsi s’en alla le druyde.

Et Galathée caressant Leonide plus que de coustume, luy demanda des nouvelles de son voyage, à quoi elle satisfit : Mais, continua-t’elle, madame, je loue Dieu que je vous retrouve plus joyeuse que je ne vous avois laissée. – M’amie, luy dit la nymphe, la guerison toute évidente de Celadon m’a rapporté ce bien, car il faut que vous sçachiez que vous ne fustes pas à une lieue d’icy qu’il se resveilla sans fievre, et depuis est allé amendant de sorte, que luys mesme espere de se pouvoir lever dans deux ou trois jours. – Voilà, respondit Leonide, les meilleures nouvelles qu’à mon retour j’eusse peu desirer, que si je les eusse sceuesplustost, je n’eusse pas conduit ceans Adamas. – Mais à propos, dit Galathée, que dit-il de cest accident ?