Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/489

Cette page n’a pas encore été corrigée


LE DIXIESME LIVRE
DE LA PREMIERE
Partie d'Astrée


Avec ces disours, le druyde et la nymphe tromperent une partie de la longueur du chemin, ayant esté et l’un et l’autre si attentifs, que presque sans y penser, ils se trouverent aupres du palais d’Isoure, Mais Adamas qui vouloit en toute façon remedier à ceste vie, l’instruisit de tout ce qu’elle avoit à dire de luy à Galthée, et sur tout de ne point luy faire entendre qu’il ait desapreuvé ses actions : Car, disoit-il, je cognois bien que le courage de la nymphe se doit vaincre par douceur et non par force. Mais cependant, ma niece, souvenez vous de vostre devoir, et que ces amourachements sont honteux, et pour ceux qui en sont atteints, et pour ceux qui les favorisent.

Il eust continué ses remonstrances, si, à l’entrée du palais, ils n’eussent rencontré Silvie qui les conduisit où estoit Galathée ; pour lors, elle se promenoit dans le plus proche jardin, cependant que Celadon reposoit. Soudain qu’elle les aperceut, elle s’en vint à eux, et le druyde d’un genouil en terre, la salua en luy baisant la robbe, et de mesme Leonide ; mais les relevant, elle les embrassa tous deux, remerciant Adamas de la peine qu’il avoit prise de venir, avec asseurance de s’en revancher en toutes les occasions qu’il luy plairoit. Madame, dit-il, tous mes services ne sçauroient meriter la moindre